Le Bouclier de Bacchus et ses 1200 flacons
En cette rue Saint-Lazare, Bacchus a trouvé un disciple émérite pour tenir son bouclier. Son endroit, chaleureux au premier coup d’œil, est un vrai rempart non seulement contre les mauvais vins aux coefficients ahurissants mais également contre les fatuités simili-œnologiques que nous infligent certains de nos contemporains…
Ici, on arrive avec ses certitudes et ses petites idées arrêtées sur le vin et l’on se retrouve très vite comme le communiant buvant du vin de messe pour la première fois. Le prêtre du lieu, Philippe Jeannerat, a sa façon bien à lui de vous approcher. Tout en douceur, « rouge ou blanc, puissant ou léger, sec ou doux ? » Vous lui parlez d’un 100 % roussanne dans le minervois que vous avez apprécié, il vous remplit le fond de votre verre d’un blanc furieusement aromatique. Une cuvée du Domaine de l’Arjolle, un côtes-de-Thongue à base de sauvignon blanc, de viognier et de muscat Petits Grains, avec du gras, une belle minéralité et une finale agrumée.
Idem, pour celle qui recherche le rouge léger. Et voilà un verre de Fleury séducteur. Enfin il emmène à la mer celui qui ne jure que par les rives du Rhône, au pays de Trénet près de Narbone. Avec ses jus issus du massif de la Clape qui congugent épice et garrigue, iode et fraîcheur. Mais il y a aussi du grand, voire de l’exceptionnel, tel ce Chambolle-Musigny 2000 à 45€. Car ce Bouclier a un pouvoir surnaturel lié au statut de table d’hôtes. Le vin est au prix caviste à emporter ou boire sur place. Ce qui fait qu’on ne se sent pas obligé de boire du bout des lèvres en tentant d’emmener son verre jusqu’au dessert.
Mais la sincérité du patron fait également mouche. «Moi ce que j’aime, c’est ça , ouvrir les bouteilles en parler, échanger, faire remonter les impressions et les souvenirs chez les dégustateurs. » explique cet ancien rugbyman, natif de Bayeux, passé par l’agroalimentaire (Brossard), avant de trouver son bonheur en 2011 avec ce « Bouclier » qu’il a préféré attribuer à Bacchus plutôt qu’à Brennus…
Pour accompagner ses flacons, l’homme propose de belles planches de charcuterie de la maison bas-rhinoise, Kirn et des planches de fromages fermiers avec un crescendo de la puissance des arômes. Question plats, c’est du classique bistrot : tartare, pintade en aiguillettes, araignée à des prix corrects. Evidemment, ici on se lassera plus vite des assiettes que des bouteilles. Comptez trois ans et demi pour goûter les 1200 références à raison d’un flacon par jour. De quoi être porté en triomphe sur le bouclier de Bacchus…
Le Bouclier de Bacchus – 18, rue Saint-Lazare – 75009 Paris – Tél. 01 48 74 94 99
Métro : Trinité d’Estienne d’Orves
du mardi au Vendredi: de 10h à 16h et de 18h à minuit – Samedi de 15h00 à 20h
Planche de charcuteries ou de fromages (8€)
Entrée-plat ou plat-dessert : 18,50€ / Entrée-plat-dessert : 26 €
Cet article Le Bouclier de Bacchus est apparu en premier sur Paris-Bistro.